Sâdhanâ – Sâdhak – Sâdhikâ
Voici trois mots, sâdhanâ, sâdhak et sâdhikâ, que tu as certainement vu plusieurs fois sur ce blog. Et si tu connais un peu l’œuvre de Sri Aurobindo, tu les connais certainement déjà, car il les utilise très souvent. Ils font partie du vocabulaire à comprendre pour mieux s’y retrouver. Et comme je m’efforce de reprendre les choses du début pour facilité le chemin pour les personnes qui débutent, ou préciser pour celles qui sont déjà avancées, ou tout simplement faire des petits rappels. Et de mon côté, ça me permet de plonger dans des tous petits détails de la sâdhanâ.
J’ai pris les définitions que l’on peut trouver dans certains glossaires des livres de Sri Aurobindo. Et la définition qu’il a donné dans la synthèse des yoga.
Sâdhanâ
Définition de Sri Aurobindo dans la synthèse des yoga :
La pratique par laquelle on atteint à la perfection, siddhi.
Définition tirée de certains glossaires :
Processus ou méthode menant au Siddhi.
La pratique ou discipline spirituelle, la pratique du yoga, la pratique au moyen de laquelle on atteint la perfection (Siddhi).
Ce terme sâdhanâ peut être associé à :
Sâdhanâ Shakti : Le pouvoir qui dirige le yoga.
Sâdhanâ Shastra : La connaissance de vérité, des principes, des pouvoirs et des processus qui régissent la réalisation de la sâdhanâ.
Chaque école de yoga a ses pratiques particulières et donc nous pouvons dire que chacune de ces écoles a sa sâdhanâ particulière. Dans le yoga intégral, on peut affirmer que chaque pratiquant ou chercheur sur cette voie a sa propre sâdhanâ, puisqu’il n’y a pas une méthode unique.
Sri Aurobindo donne même quelques précisions sur la forme que prendre une sâdhanâ du yoga intégral, dans la synthèse des yoga – Volume – Chapitre 5 de l’Introduction – Synthèse.
La totalité de la vie est le yoga de la Nature. Le yoga que nous cherchons doit donc suivre, lui aussi, l’action intégrale de la Nature ; toute la différence entre le yogi et l’homme naturel vient de ce que le yogi cherche à substituer à l’action intégrale de la Nature inférieure qui travaille dans et par l’ego et par la division, l’action intégrale de la Nature supérieure qui travaille dans et par Dieu et par l’unité. En vérité, si notre seul but est de nous échapper du monde pour aller à Dieu, une synthèse n’est pas nécessaire et c’est une perte de temps ; notre seul but pratique doit être alors de découvrir un chemin et un seul parmi les milliers qui conduisent à Dieu, le plus court possible parmi tous les raccourcis, et non de nous attarder à explorer différents chemins qui aboutissent au même but. Mais si notre but est de transformer intégralement notre être en les termes d’une existence divine, alors une synthèse devient nécessaire.
La méthode à suivre consiste donc à mettre tout notre être conscient en relation et en contact avec le Divin et à appeler le Divin en nous afin qu’il transforme notre être tout entier en le Sien et que Dieu lui-même, en un sens, la Personne réelle en nous, devienne le sâdhaka de la sâdhanâ, le Maître du yoga qui utilise la personnalité inférieure comme centre de la transfiguration divine et comme instrument de sa propre perfection. Pratiquement, la pression du Tapas — la force de conscience en nous établie dans l’Idée de la Nature divine et concentrée sur ce que nous sommes dans notre totalité — produit sa propre réalisation. Ce qui est divin et qui connaît tout, qui réalise tout, descend dans ce qui est limité et obscur, illumine et emplit progressivement d’énergie la nature inférieure tout entière, puis substitue sa propre action aux différents modes de la lumière humaine inférieure et aux activités mortelles.
Psychologiquement, cette méthode se traduit par une soumission progressive de l’ego et de tout son domaine, tous ses rouages, à l’Au-delà-de-l’ego et à ses opérations immenses et incalculables mais toujours inéluctables. Certainement, ce n’est pas un raccourci ni une sâdhanâ facile. Il y faut une foi colossale, un courage absolu, et par-dessus tout, une patience à toute épreuve. Car ce yoga comprend trois étapes, et la troisième seulement peut être pleinement béatifique et rapide : d’abord, l’effort de l’ego pour entrer en contact avec le Divin ; puis une vaste préparation — complète et par conséquent laborieuse — de toute la Nature inférieure par l’action divine afin de recevoir et de devenir la Nature supérieure ; enfin, la transformation. Mais en fait, la Vigueur divine, souvent inaperçue et de derrière le voile, se substitue à notre faiblesse et nous soutient à travers toutes les défaillances de notre foi, tous les manques de courage et de patience. Elle “fait voir l’aveugle et franchir la montagne au boiteux”. L’intellect prend peu à peu conscience d’une Loi qui s’impose bénéfiquement et d’une Aide qui secourt ; le cœur parle d’un Maître de toutes choses et d’un Ami de l’homme, ou d’une Mère universelle qui soutient à travers tous les trébuchements. Par suite, ce chemin est le plus difficile que l’on puisse imaginer, et pourtant, si l’on songe à la magnitude de son effort et de son but, le plus facile et le plus sûr de tous.
Cette notion de sâdhanâ est vraiment importante dans le yoga et tout particulièrement dans le yoga intégral, car ça représente tout ce que nous allons mettre en place pour que le Divin, en l’occurrence ici La Mère Divine, par le Supramental, puisse agir et transformer notre être dans sa totalité. L’œuvre est immense puisqu’à la différence de presque tous les autres yoga qui vont chercher à s’extraire de la vie pour rejoindre les hautes sphères Divine, le yoga intégral comme son nom l’indique, va chercher une transformation intégrale sans exclure ni la vie, ni le corps.
Nous allons donc mettre en place notre sâdhanâ, nos pratiques spirituelles, en fonction de notre nature, de notre sensibilité, ou tout simplement de là où nous en sommes. Puis cette sâdhanâ va évoluer jusqu’à ce que La Mère Divine puisse la prendre totalement en main.
Dans la sâdhanâ du yoga intégral, nous œuvrons à nous offrir à La Mère Divine, car plus nous y parvenons, plus c’est Elle qui œuvre en nous. En fait, pour être plus exacte, La Mère Divine est toujours à l’œuvre et c’est Elle qui agit dans la sâdhanâ depuis le début. Mais nous n’en sommes pas conscient. Arrive un jour où nous devenons conscient, et tout ce que nous pensions être nous, mais qui ne l’était nullement laisse place à l’action pleine et complète de La Mère.
Comme il n’y a pas une méthode unique dans ce yoga, il n’y a pas non plus une sâdhanâ unique. Il y en a une par individu.
Sur ce blog, je te partage ma sâdhanâ personnelle, comment elle s’est mise en place, comment elle a évoluée et comment, à présent, La Mère a prit la sâdhanâ presque totalement en main. Mon objectif, s’il y en a un, étant de te montrer une des nombreuses manières de vivre le yoga intégral, pour que tu puisse trouver et parfaire la tienne.
Sâdhak et Sâdhikâ
À présent que nous comprenons mieux le sens du mot sâdhanâ, il nous sera plus simple de comprendre le sens de sâdhak (ou sâdhaka) et de sâdhikâ.
Tout d’abord, avant de donner une définition et pour que les choses soient tout de suite plus simples, sâdhikâ est le féminin de sâdhak. Ils sont ceux qui pratiquent une sâdhanâ.
Sri Aurobindo défini le sâdhak ainsi :
Le chercheur qui, par cette pratique (sâdhanâ), s’efforce d’obtenir la Siddhi (perfection).
On peut aussi les traduire par :
ceux qui pratiquent la discipline du yoga.
Ou encore :
Ceux qui pratiquent une discipline spirituelle, ceux qui obtiennent, ou tentent d’obtenir la réalisation spirituelle.
Tu l’auras compris, si tu entres sur la voie du yoga intégral, tu vas devenir un sâdhak si tu es un homme, et une sâdhikâ si tu es une femme. Et tu entreprendras une sâdhanâ.
Pendant longtemps, j’ai cru que le terme sâdhak n’avait pas de genre, qu’il était masculin, et féminin. Donc, pour moi, il représente les chercheurs et les chercheuses. C’est sous cette forme que je l’utilise dans mes articles.
Bonne sâdhanâ à toi.