Qui est Satprem ?
Ah, Satprem ! Celui qui Aime Vraiment. Sur mon chemin du yoga intégral, Satprem a une place toute particulière, tout simplement parce que c’est par lui que j’ai découvert Sri Aurobindo et Mère. C’est lui, qui, il y a 30 ans, a provoqué mon plus grand changement de conscience, une révolution intérieure, un changement total de vie.
Je l’ai découvert non par ses écrits, mais par sa voix. Oui, c’est par sa voix et les mots qu’il partageait que j’ai d’abord rencontré Satprem. C’était à travers une interview qu’il avait faite avec un journaliste et qui avait donné une série de trois enregistrements audio intitulés « 7 jours en Inde avec Satprem ».
Depuis ma tendre enfance, je sentais que la vie pouvait (devait ?) être appréhendée et vécue autrement que ce qui était proposé ou plutôt imposé comme la seule manière de voir le monde. Et à l’âge de 23 ans, ce nommé Satprem ouvrait en grand une porte que je percevais sans la voir vraiment. Une porte qui s’ouvrait sur un monde nouveau, de nouvelles perceptions, une nouvelle manière de vivre ce monde et de se vivre soi-même. Bref une immense révolution de ma conscience.
Révolution est d’ailleurs un terme qui convient parfaitement à Satprem, car son histoire est une véritable révolution. Comme Mère, il est né à Paris, mais bien plus tard puis que c’est le 30 octobre 1923, sous le nom de Bernard Enginger.
Que dire de son enfance mis à part que la chose qu’il affectionne le plus était de naviguer seul sur son petit voilier.
Il vivra un immense cataclysme à l’âge de 20 ans lorsqu’il sera emprisonné dans les camps de concentration. C’est d’ailleurs cette douloureuse expérience qui va l’amener à vivre une vie hors norme et le pousser à chercher de toutes ses forces, de toute sa volonté, mais aussi de toute sa colère, une autre manière d’être.
Il ira se perdre au fin fond de la forêt amazonienne, il sera même orpailleur. Passera par l’Egypte, puis l’Inde. Deviendra Sannyasin (moine renonçant de l’Inde). Il pratiquera le Tantrisme traditionnel de manière intensive en faisant des journées, des semaines et des mois de Japa.
Mais surtout, il sera le confident de Mère. Elle verra en lui quelque chose qu’il ne voyait pas lui-même tellement il était révolté. C’est Elle qui le nommera d’ailleurs Satprem, Celui qui Aime Vraiment.
Quand j’ai entendu Satprem la toute première fois, j’ai été frappé par une sorte de paradoxe. Il pouvait passer d’une voix et d’une énergie extrêmement calme et douce à une grande révolte passionnée. Bien évidemment, à 20 ans, j’avais aussi une grande révolte en moi. Alors j’ai aimé tout de suite cet homme et sa manière de dire les choses. J’ai donc lu tous ses livres. Une écriture tellement vivante. Il m’a accompagné de nombreuses années. Je suis même passé tout prêt de son lieu de retraite dans le Nilgiri sans même le savoir à l’époque. Et puis, il m’a fait découvrir les « Agenda de Mère ». Vingt années près de Mère où il enregistrera leurs entretiens. Vingt années qui donneront treize volumes de toute l’histoire de Mère. Son passé, son présent, toute sa sâdhanâ, ses découvertes, ses expérimentations dans la matière. Un immense trésor spirituel tellement rare. Encore plus extraordinaire, car il existe des enregistrements audio de ces conversations.
Satprem devra se battre bec et ongles pour réussir à conserver ces enregistrements, car certains ne voulaient pas qu’ils soient révélés. Il passera énormément de temps à les retranscrire par écrit pour en faire ces treize volumes. Il devra même créer une maison d’édition totalement indépendante, l’Institut de Recherche Évolutive (IRE) pour publier l’Agenda.
Quand Mère quittera son corps, il se retirera dans les montagnes du Nilgiri dans le Kerala au sud de l’Inde pour continuer le travail du yoga des cellules de Mère. Toutes ses notes de sâdhanâ seront envoyées à l’Institut de Recherche Évolutive et deviendront ses « Carnets d’une Apocalypse », qui, pour le moment sont au nombre de seize. Allant de 1973 à 1996. Il devrait donc rester 11 volumes à paraître dans les prochaines années.
Ces carnets sont d’une immense importance pour les personnes sur le chemin du yoga intégral, car il semble que Satprem, tout comme Mère, soit allé jusqu’au bout du chemin. Il laisse énormément d’informations sur ses découvertes, mais nous ne connaissons pas encore jusqu’où il est allé puisque tous ses carnets n’ont pas encore tous été retranscrit.
Satprem est un disciple de Mère et de Sri Aurobindo bien à part, car en plus des Agendas, il écrira une biographie de Sri Aurobindo, « l’aventure de la conscience », qui est devenu le livre par lequel la plupart d’entre nous sommes arrivés sur le chemin du yoga intégral. Lorsqu’il écrivait cet ouvrage, Mère lui dira que Sri Aurobindo lui-même l’aidait à le rédiger des plans subtils.
Effectivement, ce livre a vraiment quelque chose de particulier. Je l’ai lu et relu à de nombreuses reprises et à chaque fois, je me disais « Ah ! J’ai avancé ! À présent, j’en suis là ! ». Comme si ce livre était une carte de la Conscience et qu’il nous montrait le chemin que nous avions déjà parcouru et le chemin qu’il restait à faire.
Satprem quittera son corps le 9 avril 2007 et sa compagne Sujata le suivra le 4 mai.
Voilà donc une toute petite partie de l’incroyable histoire de Satprem.
Satprem le révolté, le révolutionnaire.
Satprem le guerrier indomptable.
Satprem le doux.
Satprem Celui qui Aime Vaiment.
Oui Satprem aura marqué un grand nombre de personnes par ce qu’il Est.