Petite histoire d’une sâdhanâ – 4 – Créer son Dieu
Ma grand-mère m’avait fait découvrir Dieu et m’avait permis de toucher ma foi. Mais cette foi ne pouvait pas être enfermée dans une religion. Ce qui vibrait en moi avait besoin de liberté et surtout de toucher Dieu sans restrictions. Ma quête de Dieu a donc commencé ainsi.
J’avais l’imaginaire, la foi et Dieu. Comme je ne trouvais pas Dieu dehors, je suis allé le chercher dedans. Et comme mon imaginaire et ma foi étaient grands, je me suis inventé mon Dieu. Je l’ai nommé 13.
J’ai beau chercher dans mes souvenirs, je n’arrive pas à me remémorer les circonstances de la création de mon Dieu 13. Je ne me souviens pas non plus pourquoi je l’avais nommé 13. Impossible non plus de me rappeler l’age que j’avais. Ça devait être entre 8 et 10 ans.
Ce dont je me souviens, c’est que j’avais donné les pleins pouvoirs à mon Dieu 13. Puisque celui des chrétiens pouvait tout, le mien pouvait tout autant. J’ai mis toute ma foi dans ma croyance d’enfant dans ce Dieu 13.
Il était tout le temps proche de moi. J’étais avec lu en permanence. Je le priais tout le temps. Il me protégeait à chaque instant. Sa puissance et sa force, son amour et sa bonté, son pouvoir était sans limites.
Ma foi en mon Dieu 13 était tellement grande qu’il réalisait tous mes souhaits. Mais ce n’était pas des désirs matériels, plutôt de la protection, de l’aide pour moi et pour les autres. Jamais de grandes choses incroyables, ça ne me venait d’ailleurs pas à l’esprit de demander de grandes choses. Plutôt des toutes petites choses qui ne parlaient qu’à moi. C’était des petites choses, mais elles avaient une très grande importance pour moi. J’y voyais la magie de mon Dieu. Ça a participé à développer ma foi, à la faire grandir encore plus.
À l’époque, je n’en ai parlé à personne. C’était mon jardin secret. Comme si le pouvoir de mon Dieu 13 s’amenuiserait si je parlais de lui.
Je sais aujourd’hui que cette période a été extrêmement importante pour la suite de mon chemin. Elle m’a marqué jusqu’à ce jour. J’ai appris des choses de manière inconsciente, mais naturelle, qui m’ont aidé toute ma vie. Cette période a été un immense cadeau pour mieux vivre cette vie d’enfant dans ce monde qu’il ne comprenait toujours pas.
Ça ne répondait toujours pas à ma première question, mais ça me montrait, que vivre avec Dieu était plus facile que de vivre sans lui. La vie et la pression de ce monde allaient d’ailleurs me le montrer.
Car plus je grandissais, plus la pression de l’école devenait forte. À l’intérieur, j’avais Dieu, mais à l’extérieur, je voyais de plus en plus ce monde si dur et injuste. Les guerres, les famines, la tristesse, la peur, la folie… Et même que je voyais la beauté de la nature, cette Terre Paradis, tout ce que Dieu nous avait offert, je voyais en même temps que tout était ternis, saccagé par l’avidité, la bêtise, la méchanceté. J’ai très vite compris que certains humains profitaient des autres, et surtout qu’ils saccageaient tout.
Encore une fois je ne comprenais pas que personne ne le voit. Ça me paraissait tellement fou de vouloir détruire une planète si belle et si parfaite. Ça a créé une dissonance entre le Dieu que je vivais en moi et la vie que je découvrais dehors.
Ma première question est devenue encore plus présente, plus forte, elle a brûlé de manière encore plus intense en moi. Et une nouvelle question est apparue. Était-il possible de changer ce monde ? N’était-il pas possible que la vie soit belle ?
J’ai continué de grandir. L’adolescence est arrivée, et ce fut encore plus difficile. Car plus je prenais conscience du monde extérieur, plus je me demandais comment j’allais pouvoir vivre dedans. Il devait bien exister une solution, une manière d’être différente, quelque chose qui pouvait m’offrir un autre point de vue, aider à transformer ce monde malade ?
J’allais devoir attendre jusqu’à mes 23 ans pour enfin avoir ma réponse. Et ce fut grâce à mon ami Franck, qu’un beau jour de 1993, où il a débarqué chez moi en disant « Emmanuel, tu dois absolument écouter cette K7 audio, le type explique tout »…