Petite histoire d’une sâdhanâ – 3 – La religion
C’est ma grand-mère qui allait m’apporter un début de réponse à ma première question. Comment allais-je faire pour vivre comme les autres dans ce monde étrange ?
Mes parents n’ont jamais été d’une nature religieuse ou même spirituelle. Enfin, en ce qui concerne la spiritualité, j’ai découvert par la suite qu’ils sont des personnes de cœur et qu’ils m’ont transmis cette magnifique part d’eux même. Mais ils n’étaient portés vers aucun dieu.
Ma grand-mère, du côté de mon père, était, elle, l’inverse parfait de mes parents, car elle était très religieuse, très croyante chrétienne et très pratiquante. Mais pas du tout de manière traditionnelle. Elle vivait dans le Berry, qui a la réputation d’être la région des sorcières et des sorciers. Et ma grand-mère avait un peu ce côté sorcière, enfin pas du tout la méchante sorcière. Elle était ce qu’on appelle une panseuse, en plus d’être chrétienne. Elle avait le don de guérir et de soigner avec ses mains.
J’allais chez ma grand-mère tous les étés. Par deux fois, je me suis gravement blessé et elle m’a soigné par la prière et avec le pouvoir de ses mains. Elle était donc chrétienne mais aussi païenne. Un doux mélange qui l’entourait d’une certaine aura de magie dans les yeux du petit garçon que j’étais.
Il n’y avait rien de traditionnel dans sa manière de croire et de pratiquer. D’autant qu’elle inventait ses prières de guérison qu’elle notait méticuleusement dans un petit carnet. C’était un mélange de prières à Jésus, à Marie et à différents saints, mais aussi à la nature et à des choses qui étaient liées à a foi de ma grand-mère.
C’est donc de cette manière que j’ai découvert Dieu. Elle était la toute première personne qui me parlait de Dieu, de la prière et de la foi. Elle m’a donc initié à la prière et à la religion puisque les prières qu’elle m’a enseignées étaient celles des chrétiens. Le, nôtre père, et le, je vous salue Marie. Je me souviens que nous récitions notre prière à chaque repas. Et je ne pouvais me couché qu’après avoir dit ma prière du soir.
Je n’aimais pas trop qu’on m’impose cette manière de faire, mais j’étais heureux de découvrir cette notion de Dieu et de prière. J’étais fasciné de savoir qu’il était possible de parler à quelqu’un de tellement plus immense que nous et qui pouvait non seulement nous écouter, mais en plus nous aider et nous protéger. Sans compter que ça participait grandement à nourrir mon imaginaire. Au final, ça ouvrait une grande porte où je pouvais regarder le monde autrement. Ça ouvrait un nouveau champ des possibles.
Cette porte débouchait sur quelque chose de tellement important, qui allait me suivre jusqu’à aujourd’hui. Quelque chose qui allait s’installer en moi de manière parfaitement naturelle puisque vécu à partir d’un cœur d’enfant. Qui n’allait cesser de grandir au fil du temps et surtout qui n’allait jamais me quitter, pas même un instant. Peut-être le plus beau cadeau que m’ait fait ma grand-mère. La FOI. De l’instant où Dieu est entré dans ma vie aux alentours de 6 ans, il ne m’a jamais quitté.
Comme c’est venu à moi par la chrétienté, naturellement, j’ai été dirigé vers le catéchisme. Ce qui m’amènera à ma première rupture avec cette manière de croire.
Ma grand-mère n’était pas une croyante figée, alors, la découverte du catholicisme et de l’église m’a rempli d’incompréhensions. Tout semblait figé dans leur manière de croire et de pratiquer. L’inverse total de ce que je ressentais en moi et de ce que ma grand-mère m’avait montré. Même dieu semblait sévère, alors que le jeune garçon que j’étais, voyais Amour et réconfort dans Dieu. Oui, ils avaient figé dieu.
Il n’y avait que Jésus qui me parlait fortement. Il était le fils de Dieu et en même temps, il était très humain et je me sentais proche de lui. Alors Dieu, s’il avait un fils humain, devait forcément être bien plus proche de nous que ce que prétendait la religion.
J’aimais aussi beaucoup Marie, parce que Jésus avait une vraie maman. Elle était un peu une sorte d’intermédiaire entre ce Dieu quelque part et partout et cet homme nommé Jésus qui était si proche de mon cœur de petit garçon sensible.
Tout ceci participait à rendre Jésus encore plus humain. Enfin, je voyais une autre manière d’être. Et pourtant, je ne la voyais pas du tout dans les catholiques. Alors j’ai très vite arrêté le catéchisme, mais j’ai conservé Jésus et Marie et surtout Dieu. Je priais souvent Jésus. J’ai longtemps porté la croix autour du cou.
C’est à partir de là, à partir du moment où j’ai compris qu’il y avait plus grand que les humains qu’à commencé ma quête de Dieu…