Le Silence Mental
Maintenant que tu en sais un peu plus sur les trois plans, mental, vital, physique, et que tu connais un peu mieux leur rapport avec le Jnana Yoga, le Bhakti Yoga et le Karma Yoga, nous pouvons aller un peu plus loin et explorer le Silence Mental. Quoi, il est possible d’arrêter toute pensée ? Pas possible ! Mais comment faire ? Dois-tu te dire ? Parce que dans le Yoga Intégral, il est dit que la sâdhanâ passe par le silence mental. Alors comment s’obtient-il ?
Par où commencer ?
Comme le sais (si tu as lu les autres articles), j’ai commencé » ma sâdhanâ en lisant le livre « L’aventure de la conscience » de Satprem. Pratiquement dès le début du livre, au chapitre 4, page 36, il est question du Silence Mental. Alors, je vais t’avouer que lorsque j’ai lu ce chapitre, je n’en revenais pas qu’il soit possible d’atteindre un état où le mental s’arrête totalement de penser. Ça me paraissait tout simplement impossible.
J’avais un tout petit peu plus de vingt ans et j’avais un moulin à pensées particulièrement actif et puissant. De plus, il m’épuisait très souvent et finissait même par me prendre la tête par moment. Alors quand j’ai su que l’on pouvait faire taire le mental et qu’en plus c’était les préliminaires du yoga intégral, et bien, c’est devenu la chose la plus importante pour moi, le seul et unique objectif. Mais comment faire ? Par où commencer alors qu’on sait à peine méditer, qu’on ne connaît rien sur soi ? Et bien il y a un cheminement qui peut y préparer.
Observer le mental
Je ne sais pas comment les autres ont fait, alors, comme à chaque fois, je ne peux parler que de ma propre expérience. Elle a commencé en apprenant à méditer (CF Petite histoire d’une sâdhanâ – 6 – La méditation), à descendre en moi.
Le premier effet de la méditation, c’est que ça m’a détendu. Oh, pas tout de suite, car ça a d’abord fait surgir tout le vacarme qu’il y avait en moi. On peut dire que c’était un sacré bordel là dedans. Ça tournait, ça virevoltait à une vitesse fulgurante en permanence. Ça passait constamment du coq à l’âne.
Alors, j’ai d’abord commencé par observer ce vacarme mental infernal. Du même coup, sans m’en rendre compte, j’ai appris à me concentrer sur quelque chose de bien précis, en l’occurrence, les mouvements du mental. J’ai découvert qu’il pouvait être activé ou stimulé soit par des événements extérieurs, soit par des événements intérieurs. Et selon la manière dont le mental était stimulé, ça amenait tout un déroulé d’événements, de pensées, d’émotions, de désirs, de sensations voir même d’actions, me plongeant ainsi dans une atmosphère mentale pas toujours, voir rarement agréable.
Je constatais donc que je n’avais aucune prise sur ce que j’appelais encore mon mental. Et qu’en fait, c’est lui qui me dominait totalement. Alors plutôt que de me confronter à lui, je l’ai laissé faire et j’ai commencé à vraiment l’observer, le suivre, voir comment il pouvait passer d’une idée à une autre, d’une atmosphère à une autre, en une fraction de seconde. Parfois, les pensées partaient sur un sujet bien spécifique et précis et d’un seul coup, je me rendais compte qu’il était passé à un tout autre sujet qui n’avait absolument rien à voir avec le premier. Et le plus fou, alors même que j’étais en train d’observer le mental, je n’avais pas du tout vu l’instant où le sujet avait changé. Aucune conscience du point de jonction entre les thèmes. Comment était-ce possible ? Comme si le mental fonctionnait tout seul, sans moi !
J’ai alors essayé de me concentrer encore plus et tenté de diriger le mental sur un unique sujet. Enfin, pas tout à fait. Disons plutôt que quand il partait sur un thème, j’essayais de l’obliger à aller jusqu’au bout de son développement. Qu’il arrête de sauter de sujet en sujet sans jamais en finir un. J’ai très vite constaté qu’un sujet n’a jamais de fin. Le mental peut s’amuser à tourner le sujet dans tous les sens, le regarder sous tous les angles, et même arriver à se contredire selon le point de vue qu’il choisit. D’ailleurs, il est aussi capable de se tromper lui-même.
Trouver l’observateur
Tout ce processus m’a été d’un grand enseignement. Non seulement, j’ai appris à descendre de plus en plus en moi, et en observant le mental, j’ai découvert quelque chose de nouveau, l’OBSERVATEUR.
En effet, sans même m’en rendre compte, j’étais devenu observateur du mental. Et en devenant cet observateur, petit à petit, je me suis dissocié du mental. Avant, je croyais être mes pensées, ainsi qu’on nous l’a enseigné à l’école avec la fameuse phrase « je pense donc je suis ». Et bien d’un seul coup, en me dissociant du mental, je vois que je SUIS, indépendamment de lui. Qu’il n’a pas besoin de mon consentement pour mouliner, et que, même si je ne m’assimile pas à lui, je SUIS encore. Nous découvrons alors que nous ne sommes pas nos pensées. Incroyable ! Quelle découverte !
Pacifier le mental
J’allais bientôt découvrir qu’il était même possible d’aller encore plus loin, beaucoup plus loin. Une fois cet observateur trouvé, une fois que nous pouvons nous dissocier de nos pensées, il est possible de transformer toute notre atmosphère mentale. Alors comment faire ?
Dans l’article sur les Yoga des origines, je te parlais du Jnana Yoga, le yoga de la connaissance, associé justement au mental. Et bien, c’est là où ce yoga prend toute sa valeur et sa force dans le yoga intégral.
Il est possible de tourner le mental en permanence vers le Divin. Et pour le yoga intégral, nous allons choisir de nous tourner vers La Mère Divine.
Comme je lisais constamment des ouvrages de Satprem, de Mère à l’époque et que lorsque je ne lisais pas, le mental tournait autour de ce que j’avais lu, des révélations qui m’avait été faite, une atmosphère « Yoga Intégral » a commencé » à se former dans le mental. Tout commençait à tourner autour de Satprem, de Mère, de Sri Aurobindo et du yoga intégral et tout compte fait, de la Sâdhanâ.
Ça a eu un effet très fort puisque ça a commencé à apaiser le mental. Il y avait encore, malgré tout, et très souvent, des pensées perturbatrices qui arrivaient à détériorer cette atmosphère. Il fallait donc aller encore plus loin, plus profond.
Comme je ne savais pas comment faire et que Sri Aurobindo disait de demander à La Mère, de s’en remettre à Elle, c’est ce que j’ai fait. Quand un ras de marée mental m’embarquait, je me tournais vers Elle et je la priais, je l’appelais, je lui demandais son aide. Je donnais ces pensées à La Mère. Ça a eu plusieurs effets.
Le premier étant de créer un contact et une relation de plus en plus forte et puissante avec La Mère. Plus je me tournais vers Elle et plus la relation grandissait et plus l’aide aussi grandissait. Et plus la protection était forte.
Le deuxième effet, fut que les pensées perturbatrices avaient de moins en moins de forces, puisqu’à chaque fois qu’elles se présentaient, je me tournais vers La Mère pour lui donner.
L’effet le plus puissant fut de transformer ces pensées. Une fois vidé de leur pouvoir, le fait de les offrir à La Mère avait pour conséquence qu’elles laissaient la place à ce que j’appellerais l’atmosphère Mère Divine.
Le silence mental
Maintenant que j’étais dissocié du mental. Que j’étais capable de tourner les pensées perturbatrices vers La Mère et qu’Elle les vidait de leur pouvoir perturbateur, pour les remplacer par son atmosphère à Elle. Il commençait donc à être possible d’avoir des tout petits instants de silence mental. Oh pas bien longs, à peine quelques secondes. Mais ces simples petites secondes de silence étaient tellement fortes, tellement puissantes, tellement apaisantes.
Avec le temps et la pratique, j’ai pu avoir ces secondes de silence en dehors de mes méditations. En fait tout était devenue méditation, ainsi que le disait Sri Aurobindo, « La Vie est un Yoga ».
Le Vrai Silence Mental
Il est donc possible d’apaiser, puis de pacifier le mental. De même nous pouvons changer notre atmosphère mentale jusqu’à finir par avoir des petits instants de silence mental à volonté. Mais ça ne semblait pas être le Silence dont parlait Sri Aurobindo. Effectivement, il est nécessaire d’aller encore plus loin pour arriver au Vrai Silence Mental.
Sri Aurobindo nous propose de nous centrer soit au niveau du cœur, au centre de la poitrine, soit au-dessus de la tête. Comme toujours il y a une raison à cette manière de faire. En se centrant sur le cœur, nous œuvrons à l’émergence de l’Être psychique, de l’âme, pour dire les choses plus simplement. Même si l’Être Psychique est plus exacte dans la vision de Sri Aurobindo, mais nous y reviendrons dans un autre article. Quant au centre au-dessus de la tête, nous œuvrons pour devenir conscient du Moi. Lorsque le Moi ou/et l’Être Psychique passent enfin au premier plan, le Vrai Silence Mental arrive enfin.
Conclusion
Le chemin pour arriver au Silence Mental peut paraître long, mais chaque étape qui permet d’y arriver apaise progressivement le mental. De plus, tout au long du chemin, nous faisons grandir notre relation avec La Mère Divine. Nous apprenons à nous dissocier de plus en plus de ce qui n’est pas nous et ainsi nous nous rapprochons de notre Essence, de notre Être Psychique et du Moi. L’atmosphère du mental change et plus nous nous offrons à La Mère, plus Elle transforme l’atmosphère mentale.
À ce stade, nous sommes prêts, voir, nous avons déjà commencé à nous atteler au vital, ce plan de toutes les batailles. Mais nous pouvons y aller avec confiance, car à présent, La Mère est avec nous. Et surtout nous en sommes conscient.